
Bonjour les Sboons !
Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler d’une quadralogie (oui oui, c’est comme ça qu’on dit lorsqu’on a 4 tomes pour former l’histoire 😉) dont on ne parle plus tellement elle a été vue, revue, et re-revue dans les librairies depuis quelques années maintenant… Il s’agit de la saga L’amie prodigieuse, écrite par Elena Ferrante (un pseudonyme cachant un(e) auteur(e) toujours inconnu(e)).
Le premier tome m’avait été conseillé par ma libraire habituelle l’année dernière alors que je cherchais quelques livres sympas à amener avec moi en vacances. Je me souviens très bien de la manière dont elle avait présenté les choses : « c’est une histoire d’amitié entre deux femmes à Naples dans les années 50, qui nous est racontée depuis leur plus tendre enfance jusqu’à, grosso modo, la fin de leur vie. 60 années d’Histoire de l’Italie balayées au travers leurs aventures ».
Je n’étais que moyennement tentée mais ayant une confiance absolue en cette libraire que j’avais l’habitude de consulter, j’ai décidé de me lancer.
Lenú et Lina sont élevées dans une Naples pauvre des années 40 où les plus riches font la loi comme ils l’entendent. Ici, pas question de justice moderne : tout se règle dans « le quartier », principal lieu de déroulement de l’histoire, dans lequel cohabitent de nombreuses familles que l’on suivra tout au long de la saga. Armez-vous de patience pour retenir tous les prénoms lors de la lecture du tome 1 car il y en a vraiment beaucoup… Mais le jeu en vaut la chandelle, car ils constituent ensemble un monde à part entière, et selon moi le plaisir de la lecture réside aussi dans le fait que seulement quelques rues entremêlées puissent renfermer autant d’aventures et d’émotions. Car ici, Elena Ferrante ne fait rien d’autre que de raconter la vie, brute, vraie, sans filtre, comme elle pourrait l’être partout ailleurs dans le quartier « mal fréquenté » qu’on connait tous pas si loin de chez nous.
L’auteur(e) crée véritablement un monde que l’on est pas prêt d’oublier. Elle/il réussit à déclencher chez le lecteur les mêmes sentiments que ceux qu’il pourrait éprouver s’il vivait cette épopée lui-même : colère face aux injustices, mêmes minuscules, qui frappent les habitants ; énervement lorsque Lenú se montre trop naïve ; rage face à Lila et son tempérament de feu. Mais aussi compassion lorsque les personnages souffrent ou traversent de rudes épreuves ; joie lors de leurs succès ; tristesse lors de leurs désillusions. Et tout cela parfois en pas moins d’une page de lecture : c’est là le prodige d’Elena Ferrante, nous faire rentrer dans le tourbillon d’émotions de la vie des habitants du quartier, jusqu’à ce que nous ne sachions plus nous même quelle position adopter à leur égard.
Une histoire d’amitié ? Je dois vous prévenir : moi, une amie comme ça, je n’en voudrais certainement pas ! Et j’ajouterais même que finalement, j’y ai beaucoup vu une forme de névrose, voire de paranoïa de Lenú à l’égard de son amie… Ce lien tantôt destructeur, tantôt salvateur qui s’instaure entre Lenú, qui nous raconte son histoire, et Lila, que l’on suit aussi de manière assez directe, ne cesse de nous réserver des surprises. Toutes les deux brillantes, Lenú est pourtant la seule à poursuivre dans les études supérieures. Cela permet d’aborder avec brio la réalité des variations de classe sociale, les désillusions qui l’accompagne et la perte de repères qui s’en suit inévitablement.
Bouleversements de l’Italie des années 60, lutte des classes, amitiés, désillusions, histoires d’amour et de trahison, histoires d’amitié et de perfidie… Elena Ferrante a su s’imposer pour mener le lecteur par le bout des doigts. Et l’histoire est racontée avec tant de détails, le monde créé est si cohérent, si réel, qu’on en vient forcément à se poser la question de savoir si, derrière tout cela, ne se cache pas une sorte d’autobiographie thérapeutique…
Si vous avez lu la saga, écrivez moi et je serais ravie d’en discuter avec vous ! J’ai déjà passé des heures à en parler avec des amies… Et il y a encore tant à dire sur le sujet, tant de questions qui restent sans réponse !
Bonnes vacances les Sboons,
Je vous dis à bientôt pour un nouveau billet 🤓